Clube : dicke luft in der gruft

A tOMBEAU OUVERT

Peut-on encore renouveler le principe du memory ? A en croire le jury du Spiel des Jahres 2004 : oui ! Car Dicke Luft in der Gruft a surpris tout le monde en venant se glisser parmi les 5 finalistes du jeu de l'année allemand. Erreur de casting ou choix pertinent, on pourra en discuter jusqu'au bout de la nuit...

La première surprise en ouvrant la boite, c'est son curieux plateau de jeu double épaisseur avec de nombreuses cavités dans la première couche cartonnée. L'explication vient du thème et du lieu illustré : un cimetière ! Et oui, tous ces petits trous ne sont que des caveaux vides, refuges inespérés pour tout vampire soucieux d'échapper à la lumière du jour. Avec 60 concessions, il y a l'embarras du choix et on pourrait croire qu'il leur suffit juste de se glisser sous une dalle pour échapper à un destin douloureux et définitif. Mais par un souci de coquetterie déplacé, seul un caveau coordonné à la couleur de leurs habits sera investi.

En début de partie, chaque joueur place devant lui, faces cachées, une ribambelle de vampires, sagement alignés. 4 vampires sont révélés (2 à chaque extrémité) et la couleur de leurs tenues dictera alors vos recherches. Si seuls les 2 vampires les plus excentrés pourront trouver résidence lorsque l'occasion se présentera, connaître la couleur des 2 suivants vous permet de planifier cette descente sous terre.

A votre tour, vous ouvrez donc un caveau et si la couleur correspond à l'un des vampires, celui-ci pourra y reposer en paix. Pensez bien-sur à remettre la dalle sur cette charmante demeure. Comme Van Damme devant le distributeur de boissons argumentant "tant que je gagne, je joue", vous pouvez continuez à chercher de nouveaux emplacements : mais si la couleur ne correspond pas où si le lieu est occupé, vous passez la main. Bon, ça vous parait simple jusque là ? Trop convenu ? Vous auriez raison si on s'arretait là...

Car si trouver une tombe de la bonne couleur est affaire de chance dans les premiers tours, cela se complique par la suite. A chaque vampire placé, vous en découvrez un nouveau dans votre rangée.... tiens, un jaune ! Mince, où est-elle cette tombe jaune que j'ai ouverte il y a 2 tours ? C'est rageant, hein ? Encore plus rageant de savoir que vous ne pourrez déranger vos petits camarades déjà installés. Et oui, faut se souvenir des couleurs encore disponibles... et des tombes occupées, sous peine de pénalité. Et là, ça se corse plus la partie avance. Vous en voulez encore ? Le défi ne vous fait pas peur ? Tant mieux car chaque joueur dispose de 3 gousses d'ail pour bloquer l'avancée de ses compagnons de jeu. Imaginons : vous soulevez une dalle et hop, du rouge est demandé ! Quel dommage, vous cherchiez du noir ou du vert ! Vous vous apprêtez à refermez la tombe poliment car vous êtes du genre à débarrasser votre plateau au McDo.... quand vous réalisez que le joueur à votre gauche à une tendance au frétillement. Un rapide coup d'oeil et vous constatez qu'il est en avance sur vous (grrrrrr) et qu'aux 2 extrémités de sa rangée se trouvent 2 vampires rouges (pas glop). Allez, une petite gousse d'ail dans le trou et vous voilà assuré qu'il n'ira pas s'y frotter.

Au fil des tours, le terrain devient miné. Avec 3 gousses chacun, cela fait - à 6 joueurs - 18 pièges à éviter. Tombez sur un caveau piégé par un adversaire et celui-ci vous donnera l'un de ses vampires. Pire : tombez sur votre propre gousse d'ail et tous les joueurs vous donneront l'un de leurs vampires. Alors, on fait toujours le malin façon "ouais, le memory, c'est pour les mômes avec un seul neurone" ?

On prend vraiment conscience de la dimension ludique si personnelle de Dicke Luft avec "La plaie des rats", un petit mécanisme supplémentaire qui permet d'ajouter une once de prise de risque. Dès que vous ouvrez un caveau et que celui-ci contient l'une de ces sales bêtes, vous avez la possibilité d'ouvrir tout ou partie des sinistres demeures avoisinantes. Une occasion rêvée de pouvoir visiter plusieurs tombes d'affilée et de placer plusieurs de vos vampires. Mais à être trop gourmand, on peut finir par s'y casser les incisives. Saurez-vous laisser la main à temps... et laisser les autres joueurs mettre à l'épreuve leur mémoire ?

Dicke Luft in der Gruft, c'est un peu un calendrier de l'avent inversé : si ouvrir des petites portes dans un sapin pour y trouver des papillotes (Aaaaah) ou des bucherons (Mouais) a enchanté votre enfance, le jeu de Norbert Proena devrait vous faire chavirer. Mais ne vous laissez pas abuser par son statut de finaliste au SdJ 2004, que vous trouverez sur-dimensionné. Sans le poids parfois ombrageux de cette sélection, vous auriez assurément vu en Dicke Luft un memory ambitieux, servi par un thème amusant, un matériel sympa et des petits ajustements tactiques bienvenus. Il serait dommage de dévaloriser ce jeu sous prétexte que quelques uns l'ont (trop) mis sous les feux des projecteurs et prenez le pour ce qu'il est : un jeu malicieux pour toute la famille.

QUE DALLE SOUS LA DALLE !

On s'emmele un peu les pinceaux sur les pénalités selon qu'on tombe sur un vampire, sur une gousse d'ail adverse ou personnelle • Espérons que Gigamic trouvera un nom moins barbare pour son édition française • J'arrive déjà pas à me souvenir la date de mon mariage et vous voulez que je retienne le contenu de 60 caveaux ? c'est une plaisanterie ? • Autant avoir des rats à la place des bûcherons ça ne me pose pas de problême... mais pas de papillotes, j'suis déçu • Dites donc, votre truc là, c'est pas un peu morbide pour mes gosses ? Et vous croyez que c'est bien malin de jouer les profanateurs en ce moment, hein ? • Découvrir un rat dans les tous premiers tours est vraiment très avantageux et permet au joueur d'ouvrir toutes les tombes adjacentes sans craindre grand chose et placer facilement, avec un peu de chance, un ou plusieurs de ses vampires • Finalement, le principal défaut de Dicke Luft n'est-il pas d'avoir squaté le très select "Top five" du SdJ 2004, squizant ainsi un jeu plus méritant ? Si la volonté du Jury était d'attirer l'attention sur Zoch, pourquoi n'avoir pas choisi Froschkönnig, aussi accessible... et plus innovant ! Bon-bon, d'accord, Fröschkönig n'avait pas les épaules assez larges non plus