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DALAPAPOUILLE

En 2002, lors de la sortie de Maka Bana, son tout premier jeu, François Haffner se défendait d'être un auteur, affirmant qu'il fallait avoir au compteur trois réalisations pour prétendre à ce statut. Maka Bana était à notre sens suffisamment maîtrisé pour ne pas appliquer cette nouvelle règle de trois. Mais voilà, après La vache qui tâche, Dalapapa est ce fameux troisième jeu qui va demander à notre célèbre Lyonnais, aussi bon tâcleur que Juni est roi des coups francs, de changer sa carte de visite.

Non sans humour, Dalapapa est annoncé comme le jeu du 4e millénaire et, sans attendre jusque là, il devrait animer le début du 3e : un pur jeu de dominos qui va vous filer une petite décharge électrique dans le cerveau et les doigts. Si la filiation existe, nous sommes bien loin des petites briques en bakelite (dans le meilleur des cas) de notre enfance que nous devions associer par un côté. Depuis, il y a eu les triominos, et puis ceux qui permettaient de connecter les 4 côtés. Toujours plus fort, Dalapapa propose 6 points d'accroche. Ne vous leurrez pas : cela tient du miracle de connecter en totalité un domino lors de sa pose.

Chacun des 120 dominos du jeu possède 2 faces différentes et combine sur chacune d'elles six demi-cercles, en utilisant trois des quatre couleurs disponibles (une couleur ne peut manquer des 2 côtés). La disposition des demi-cercles, la proportion des couleurs amènent une multitude de combinaisons. A chaque tour, il parait faussement simple de choisir parmi vos deux dominos : vous ne cessez de les retourner entre vos doigts en quête de révélation, tant et si bien qu'autour de la table, on croirait un entraînement collectif de close-up.

Tout Dalapapien ou Dalapinou (le nom officiel de joueur de Dalapapa n'a pas été encore homologué) n'a très vite qu'une idée en tête : poser ses deux dominos durant le même tour. Mais ceci a un coût : 4 points de malus pour être autorisé à jouer la totalité de sa main. Une pénalité que vous devrez justifier, soit d'un point de vue comptable, soit tactiquement pour bloquer un adversaire. Si 10 points sont possibles par domino, chaque pose vous rapporte plutôt de 1 à 4 points : insuffisant pour prétendre faire une échappée sur la piste de score. La vraie finalité du jeu, parallèlement au jeu de connexion, c'est de clore des zones constituées de cercles de même couleur. Une vraie gymnastique, autant intellectuelle que manuelle, pour arriver à combiner vos dominos et obtenir un bonus non négligeable (1 point par cercle de la zone fermée)

S'il est possible de fermer des petits territoires avec un seul domino, les plus grands nécessitent souvent l'emploi de la totalité de votre main. Ou d'un manque de vigilance de vos adversaires. A ce titre, n'oubliez jamais que si la plus belle fille du village vous dit non le lundi, faites tout pour qu'elle ne puisse pas dire oui à un autre avant de la revoir le mardi. En d'autres termes : ne posez pas un domino qui permettrait aux joueurs suivants de "fermer" avec un seul petit domino de rien du tout.

Une règle d'une simplicité confondante mais un jeu qui réclame beaucoup d'attention : il est facile de passer à côté du "bon plan", les dominos associés sur la table cherchant désespérément à vous hypnotiser. Un peu comme si vous vous amusiez au champignon hallucinogène de votre enfance, en vous frottant trop fort les yeux. Waouh, maman, j'vois des étoiles de partout. Euh… Maman ? Maman ? J'vois plus rien ! J'ai cassé mes yeux...

Dalapapa, sous des airs de jeu familial convenu, cache un vrai casse-tête réjouissant qui peut être joué à 2 vitesses selon l'humeur et les joueurs. Indice non négligeable sur la qualité du jeu : certains de nos testeurs ont eu un vrai coup de coeur, de celui qui les ont poussés à se rendre en boutique pour avoir leur exemplaire. On ne peut pas dire mieux. Coup de chapeau également à l'auteur qui a laissé en téléchargement tous les éléments graphiques pour réaliser chez soi son petit Dalapapa : suffisamment rare pour le souligner !

site du dalapapa (règles, variantes, piste de score...)

DALAPACOOLDUTOUT

Il est parfois inutile de réfléchir avant son tour tant la situation peut changer. Surtout à 4 joueurs • Véritable casse-tête, Dalapapa n'est pas le petit jeu de dominos anodin auquel on joue distraitement : du coup, selon les joueurs, cela peut cogiter, fumer... et ralentir le jeu • Difficile lors de la première partie de "visualiser", de maîtriser le système appliqué recto/verso à chaque tuile • Les cercles ont été préférés aux carrés pour des raisons de fabrication. Mais du coup, il est parfois difficile de distinguer la frontière entre deux zones contiguës de même couleur. Remarquez, cela relève encore le défi • Sur le site dédié au jeu, une rubrique nous montre les différents projets graphiques de la boîte auxquels les joueurs ont échappé. Malheureusement, on n'a pas échappé non plus à celui retenu • Pas de piste de score livrée avec la boite (néanmoins téléchargeable sur le site)