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MALIN COMME UN SINGE

Si l'on en croit Daniel Defoe, son Robinson passa des années à dresser autour de lui une véritable forteresse, persuadé que cette île saurait bien un jour montrer des intentions vindicatives. La version ludique de Dominique Ehrhard, que les plus grincheux jugeront révisionniste (vraiment, on ne voit pas pour quelle raison !), établit une autre vérité. Robinson n'avait en fait qu'une idée en tête : se faire dorer la pilule à longueur de journée ! C'est finalement les singes de l'île qui vont s'approprier les outils délaissés par notre naufrageur à répétition, plus enclin à écouter sa barbe pousser au rythme hypnotique des vagues. On devine dès lors qui a hérité des meilleurs gènes du chainon manquant... ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour vous, puisque vous incarnez ces primates bricolo.

La folie des grandeurs n'étant pas l'apanage de l'homme, les singes entament 3 chantiers en simultané : les paillassons sont déjà là, les boites aux lettres aussi... autant dire qu'ils commencent par la fin. Ça promet. Et effectivement, ça part un peu dans tous les sens car chacun travaille n'importe où, place une baignoire dans la première cabane, pose un toit sur la seconde ou entame un nouvel étage sur la dernière. Parfois, le fonctionnel reste au placard, au profit d'une architecture novatrice. Qu'importe ! L'important, c'est que la cabane soit la plus haute, la plus spacieuse, la plus confortable... pour se la péter grave! Certes. Mais lorsqu'on est plusieurs à construire, qui va recevoir les honneurs ?

Les Cabanes de M'sieur Robinson est un jeu de tuiles qu'on peut rapprocher de Carcassonne ou de La guerre des moutons. Mais à la différence de ces deux glorieux ainés, il ne s'agit point ici de fermer des territoires mais de faire preuve de malice dans chacune des cabanes, pour que votre talent d'architecte soit reconnu et récompensé en bananes et noix de coco.

En fait, à la fin du jeu, chacun gagnera plus ou moins de fruits pour chaque cabane, en fonction de sa contribution. Il devient du coup essentiel de construire juste, c'est à dire de poser une tuile qui souligne votre ingéniosité. Poser une tuile adjacente à une autre, c'est bien... mais c'est à la portée de n'importe quel joueur capable d'éplucher une banane. Poser une tuile qui se connecte par deux fois à la cabane (on ne comptabilise pas les raccords ciel contre ciel), c'est déjà plus ambitieux et vous avancerez de deux cases au lieu d'une sur la piste de score associée à un chantier. Très vite, il faudra maîtriser l'art de la temporisation, pour n'être pas celui qui pose toujours les tuiles qui rapportent 1 seul point. Il faudra observer la pioche, le stock des uns et des autres, chercher les blocages, monopoliser un type de tuiles et tenter de voir plus loin que le tour suivant. Alors ? Toujours un jeu de hasard, les Cabanes de M'sieur Robinson ?

5 piles de 16 tuiles ont été constituées en début de partie. A votre tour, il vous faudra prendre parmi les tuiles visibles, celle qui agrandira l'une des 3 cabanes. Par choix tactique ou si toute extension se révélait impossible, la tuile pourra être conservée devant soi... pour une utilisation ultérieure. En stockant ainsi plusieurs tuiles, on augmente ses choix de construction aux tours suivants mais n'oubliez jamais : chaque fois que vous stockez, vous ne construisez pas. On vous laisse méditer...

A chaque cabane est donc associée une piste de score et un marqueur pour chaque joueur. Si, lors des décomptes intermédiaires, seul le joueur le plus avancé sur un chantier reçoit 1 banane, la donne est différente pour le décompte final : on calcule en fruits la valeur totale de la cabane et le premier joueur sur la piste de score en reçoit la moitié, puis le second prend la moitié de ce qui reste et ainsi de suite. On vous le dit tout net : il vous sera impossible de jouer sur tous les tableaux, c'est à dire de briguer la première place pour les 3 cabanes. Dès lors, il s'agit de faire les bons choix pour ne pas vous faire rattraper ou vous faire distancer. Il faut aussi apprendre à ne pas servir la soupe à un adversaire en courant inutilement après une première place : votre entêtement n'aurait d'autre effet que de valoriser une cabane dont vous ne tireriez pas le maximum de profit.

Car si certaines tuiles ne sont que bois et feuillages, d'autres affichent des accessoires divers qui, en augmentant le confort de la cabane, augmente la prime finale : cette fameuse corbeille de fruits qui vous fait tant saliver! Pour la remplir, d'autres moyens sont à votre disposition comme par exemple ce drapeau, à planter le plus haut possible : un argument de poids pour un naufragé qui veut être vu du large ! Mais vous pouvez chercher aussi à créer la plus grande cabane, ou la mieux finie. Autant de critères à prendre en compte tout au long de la construction des 3 cabanes...

Les rares tuiles avec 1 canon, si elles n'apportent pas de confort supplémentaire, vous permettent de tirer 1 fois sur l'une des cabanes voisines afin de la dévaloriser tout en récupérant la ou les pièces touchées. Ne soyez pas impatients de mettre le feu aux poudres : la simple menace de votre canon implique des choix tactiques différents pour vos adversaires. Les drapeaux en frémissent déjà !

Autre point à ne pas négliger : les amours primates. Car il est normal que ceux qui ont construit ces cabanes y élisent domicile. Vous trouverez des tuiles avec des singes, mâles ou femelles et vous tacherez d'abriter sous le même toit un couple (+ 2 bananes) de même couleur. Pas si facile. Surtout que, chaque célibataire faisant perdre 1 banane, certains mauvais esprits autour de la table vont chercher à transformer votre cabane en refuge des laissers pour compte. Et une tribu de râleurs aigris et dépressifs, il y a peu de chances que Robinson tente la cohabitation.

Méfiez-vous de votre première partie des Cabanes de M'sieur Robinson. Car il parait difficile de cerner immédiatement l'utilisation optimale des canons, de maîtriser la gestion du "stock", en prévision de l'arrivée décalée des tuiles à feuillages ou encore de remarquer - si personne vous a prévenu - que la répartition, chez les singes, est de 2 mâles pour 1 seule femelle. Une fois toutes ces données intégrées, vous conviendrez que l'univers résolument sympathique du jeu de Dominique Ehrhard n'est qu'un trompe l'oeil, qui cache de réelles subtilités tactiques. Prenez le temps de vous y intéresser : vous pourriez être surpris, dès votre seconde partie, de son potentiel !

UN NAUFRAGE DE PLUS POUR ROBINSON

Piocher un singe dans les derniers tours sans pouvoir le placer (-1 point), c'est vraiment d'une grande injustice : dommage de perdre pour une simple histoire de pioche • La table est toujours trop petite, les cabanes, toujours trop serrées.... Simone, c'est toi qui a rangé la rallonge alors rassemble tes esprits et dis moi dans quel endroit saugrenu tu l'as encore rangée ! • Il est facile de rater la canne à pêche lors du décompte final... et de peut-être fausser les résultats • Ceux qui bénéficient des tuiles gazon ont un avantage considérable en début de partie puisque c'est 2 points gagnés facilement • il y a finalement pas mal de choses à expliquer en vue du décompte, de règles de construction... alors que le tour de jeu consiste à poser une seule tuile ! Du coup, cela n'en fait pas exactement un jeu familial •

 

 

 

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