le Clube
LE BONHEUR EST-IL VRAIMENT
DANS LE PRÉ ?
C'est se qui s'appelle un accueil des plus tièdes au Clube. Pourtant ce jeu à priori sympathique semblait avoir suffisamment d'atouts pour nous séduire. L'esprit du Clube étant tourné vers les jeux bon enfant, faciles d'accès et rapides... on donnait ces boules de laine gagnantes. Mais voilà, au Clube, rien n'est prévisible et - sauf rares exceptions - les clubeur's se sont plutôt ennuyés avec leurs moutons affamés. Même les juniors,à priori concernés, ont fait la moue. Les premiers testeurs auront-ils l'appétit nécessaire pour remettre le couvert ?
Guerre et Beeh est le troisième jeu de Bruno Cathala
a inaugurer les games for two de Descartes. C'est résolument l'opus
grand public, avec un thème bien travaillé et surtout des parties
rapides (15 mn) qui ne feront pas éclater vos neurones en pop corn.
Le but du jeu est simple : brouter le maximum de parcelles d'herbes (des petits
jetons sur le plateau) dont la qualité est fort variable. Certaines
sont si grasses que votre goinfre de mouton (vous en avez 6 dans le pré)
ira digérer définitivement loin de ses collègues, priant
qu'on lui apporte un oxyboldine. A force de vous jeter sur les meilleurs morceaux,
vous risquez donc de décimer votre escadrille à bouclettes,
réduisant ainsi vos possibilités tactiques. De là à
ce que les loups vous coincent au détour d'une touffe d'herbe...
Cependant, ce pré est bien trop surpeuplé à votre goût
et on ne s'entend plus brouter. Les cartes action vous permettront peut-être
de mettre des bâtons de berger dans les pattes de ces foutus moutons
adverses. Pour obtenir quelque sale coup, suffit de jeter votre dévolu
sur l'herbe qui fait rire : chaque parcelle ne vous rapportera lors du décompte
final peut-être qu'un seul point... mais elles offrent en cadeau bonux
des cartes qui valent parfois la chandelle. Ces cartes spéciales, souvent
drôles, sont visiblement l'atout de ce petit jeu sans prétention.
Mais méfiez-vous là aussi : certaines vous obligeront à
vous défausser de votre main. Vous pourrez alors bêler à
n'en plus pouvoir, vous apitoyant sur votre triste sort d'ovidé déplumé.
Positivez malgré tout : il vous reste encore votre laine sur le dos!
D'un point de vue tactique, Guerre et beeh vous laisse le choix entre 5 actions
différentes : déplacement (d'un loup ou d'un mouton), camouflage,
exécution d'une carte action et surtout la reconnaissance vous permettant
de regarder 2 parcelles d'herbe. Cette reconnaissance du ventre vous permet
également de repérer un loup! Vous aurez alors la possibilité
de le laisser caché dans les hautes herbes ou de révéler
son existence. Dès que vous aurez localisé ces 2 égorgeurs
de moutons, vous aurez d'ailleurs un avantage certain sur le troupeau adverse
et les tondeuses pourront se mettre en marche, en toute quiétude. Du
coup, le jeu perd de sa saveur... et la partie est à priori jouée
d'avance.
D'une manière générale, l'intérêt de Guerre & beeh réside dans les loups : quand ceux-ci ont une tendance à l'apathie, par choix des joueurs ou parce qu'ils sont confinés dans quelque recoin, le jeu n'existe plus. Car le problème, c'est que votre adversaire va brouter à tout va pendant que vous jouerez les loups. Et comme éliminer totalement le troupeau adverse se révèle une tactique hasardeuse, nécessitant la carte anti-camouflage... et qui vous laisse sous le la menace de la carte surpopulation, vous abandonnerez cette idée et irez brouter, comme tout le monde, au nez et à la barbichette de ces idiots de loups : Une seule devise : qu'importe le sacrifice si vous avez bien brouté avant! Certes éliminer des moutons, c'est réduire les possibilités adverses de déplacement. Mais cela semble insuffisant pour y consacrer de trop nombreux coups. Et c'est dommage car le mécanisme le plus intéressant de Guerre et Beeh, c'est l'effet panurge, qui entraîne dans votre déplacement tous ceux qui vous collaient d'un peu trop près. Le coup idéal pour jeter dans la gueule du loup un mouton adverse.
Autre point qui peut chiffonner : brouter sans reconnaissance se révèle une tactique quasi gagnante à moins d'une malchance extraordinaire (tomber sur les loups au début) : du coup, le jeu se résume à une prise de risque plutôt ennuyeuse. Il aurait sans doute fallut ajouter au jeu 2/3 parcelles d'herbes indigestes avec des vilains champignons, afin de valoriser le mécanisme de la reconnaissance.
Plus inquiétant, les joueurs novices ont eu du mal à intégrer les différents éléments du jeu lors de leur première partie, oubliant l'effet panurge, comprenant tardivement la gestion des loups, appliquant l'effet des cartes instantanément (sans la compter comme une action)... les 4 conditions de fin de partie ne facilitant également pas la chose.
Vous tomberez peut-être sous le charme de ces boules de laine mais soyez sûr de choisir Guerre & Beeh pour ce qu'il est : un petit jeu sympathique qui broute pas loin. Sa légèretéen fait en tout cas un complément idéal aux deux autres premiers jeux de Bruno Cathala.