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IL EST DES NO-O-OTRES

Si vous êtes un piètre buveur de bière, il est à prévoir que le thème si particulier de Goldbrau vous laisse le gosier et l'envie à sec. Surmontez ces images de beuveries, de bibendums suant le houblon pour découvrir finalement un jeu qui s'attache, par son univers, à désamorcer une approche ludique très capitaliste.

L'objectif est simple : profiter du dysfonctionnement qui rend les hommes en permanence assoiffés pour faire fortune. La place centrale représentée sur le plateau de jeu est bordée de multiples buvettes dont vous briguez la place de patron. Et quand vous êtes aux commandes, c'est là où chacun pourra vérifier si vous avez la taille patron : faut-il agrandir la terrasse ? Changer de fournisseur ? Engager "Miss Munich tee shirt mouillé" pour faire le service ?

Goldbrau s'appuie sur le choix simultané des actions de l'ensemble des joueurs. Comme la réalisation de celles-ci sont rapides, il faut bien reconnaître que le jeu est assez dynamique. A chaque tour, il vous faudra opter entre acheter une carte (généralement, cela équivaut à augmenter ses parts sociales dans un établissement), postuler au poste de big boss (si vous avez déjà des billes dans l'affaire), faire des travaux d'aménagement pour augmenter la capacité d'accueil de votre buvette et enfin, décider de changer le contrat qui vous lie à une brasserie.

Il convient de tirer partie de cette phase en devinant les choix des uns et des autres. Car si vous êtes seul à opter pour telle ou telle action, vous bénéficierez d'un avantage non négligeable, comme par exemple réaliser l'action choisie 2 fois. Si vous êtes seul à vouloir agrandir votre terrasse, vous pourrez ainsi placer 2 tables au lieu d'une à votre tour de jeu et cela fera forcément grincer des dents. Car nul doute que vous profiterez de cette aubaine pour prendre les meilleurs emplacements et surtout, pour confiner les terrasses adverses dans des recoins. On retrouve ici l'esprit des frontières de Löwenherz (= Richard coeur de lion) mais si vous ne pouvez pas empiéter chez le voisin, il est toujours possible de grappiller l'espace d'un établissement dont vous êtes également le tenancier.

Pendant que vous êtes en train de jongler avec vos tables et vos chaises, à vous torturer l'esprit sur l'inclinaison des parasols, n'êtes-vous pas en train de travailler pour ces hommes de l'ombre, ces vautours qui se prennent une plus grosse part du gâteau pour vous remercier dans quelques tours ? "Merci mon gars, super boulot ! Mais maintenant, on va prendre les choses en main..." Il faut admettre qu'il n'y a pas de solution parfaite : soit vous donnez la priorité à vos investissements... au risque d'avoir la main mise sur une pauvre buvette, étouffée entre 2 terrasses concurrentes qui ne comptent plus leur débit au tonneau mais à la citerne, soit vous décidez d'occuper au plus vite le terrain - "premier arrivé-premier servi" - en laissant la porte ouverte aux manigances adverses.

Mais l'obtention d'une ou plusieurs parts d'un même établissement n'est pas chose aisée. D'abord, l'offre est réduite : 2 cartes seulement sont en effet révélées à chaque tour. Il faut donc que les parts mises en vente vous intéressent et ... que vous ayez une chance de les acquérir. Si vous êtes 3e ou 4e dans le tour, la désillusion a déjà enfilé son manteau, ses escarpins, pris son petit sac coordonné et elle s'apprête à vous rendre visite. Alors bien-sur, il y a toujours la possibilité d'investir à l'aveugle, c'est à dire de prendre directement une carte de la pioche. mais quand on sait que le prix d'achat est variable selon le nombre de requins à faire la danse du scalp autour des 2 malheureuses cartes mises en pâture, on se résout parfois à ne pas brûler son bas de laine pour une carte dont on ne connaît pas l'attrait.

Chaque établissement dispose en fait de 6 parts sociales et s'il convient d'obtenir la majorité, il est surtout impératif de ne pas avoir seulement une "orpheline" : celle-ci disparaîtrait alors du plateau de jeu si les 6 parts venaient à être totalement distribuées,. Cruel. Et lorsque vient la fin de semaine (3 fois dans une partie) et la répartition des bénéfices, on peut l'avoir mauvaise de se faire ainsi écarter. Ce mécanisme impitoyable alimente à merveille la prise de risque de tout investisseur et justifie la part d'aléatoire liée à la phase d'acquisition des parts.

Plus une buvette possède de tables, plus elle gagne d'argent. Il est à noter que la moitié de ses revenus reviendront à la brasserie (au nombre de 4 dans le jeu) qui lui fournit l'or blond. On peut donc augmenter ses bénéfices en prenant également des parts dans ces établissements. Comme seul le patron d'une buvette est habilité à changer de fournisseur, on comprend mieux les tentatives de putsch : on ne cherche pas alors forcément à rester patron mais juste à changer de contrat pour s'allier avec une brasserie où on est présent. Le jeu facilite d'ailleurs ces changements de direction puisque dans la lutte de pouvoirs, tous les actionnaires minoritaires s'allient obligatoirement contre celui qui tient la baraque : en résumé, il est facile de devenir patron et difficile de le rester.

Un peu éloigné de la ligne éditoriale habituelle de Zoch, Goldbrau n'est cependant pas à considérer comme le vilain petit canard noir. Si on peut contester - à tort ou à raison - l'aléatoire lié au principe des parts sociales, on retiendra surtout un jeu qui n'a pas voulu se plomber d'un système économique prise de tête. Le résultat est dès lors plaisant et facile à aborder. Le choix d'action, limité et simultané, fonctionne bien et l'idée des contrats entre buvettes et brasseries rend le jeu tactiquement fort intéressant. On s'amusera également de la serveuse sexy qui attire la clientèle et surtout de l'ivrogne, qui ne présente pas vraiment le même pouvoir d'attraction : 2 petits éléments chaotiques qui se déplacent de buvette en buvette et révélateurs de l'esprit du jeu. Sympathique.

N'AMASSE PAS MOUSSE

La phase de partage, à la fin de la semaine, prend pas mal de temps et brise le tempo de la partie: on ajoute, on soustrait parfois, on divise par 2, puis on répartit... houlalala, c'est finalement bien plus simple de choisir l'une des actions à chaque tour de jeu • La 3e carte "action" est la seule qui soit à double emploi : changement de patron ou de contrat. Lors d'une première partie, les joueurs calent un peu sur ce point de règle • A part l'ivrogne et la serveuse, il y a finalement bien peu d'humour dans ce jeu si on estime que le thème se veut décalé • Justement, puisqu'on parle de la serveuse : son bonus est vraiment très important et celui qui parvient à la garder dans sa buvette semble difficile à battre. Surtout si de votre côté, vous n'arrivez pas à déloger l'ivrogne... • En configuration 4 joueurs, le premier joueur jouera 6 fois en premier tout au long de la partie (au lieu de 5 pour les autres) et sera surtout premier joueur au tout dernier tour : un petit avantage qui peut peser dans la balance.

 

 

 

CHOIX SIMULTANÉ
SPÉCULATION