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L'ESPION QUE J'AIMAIS

Des petits jeux de cartes autour d'un mécanisme simple est un art dans lequel Knizia excelle. Si vous aimez la simplicité, Spy finira rapidement dans votre ludothèque. Votre mission, si vous l'acceptez, sera d'envoyer vos espions à travers le monde avant que les grandes puissances adverses n'occupent le terrain.

Au départ, 12 destinations avec un espion déjà en place sur chacune d'elle. Le principe pour rejoindre l'une de ces destinations est de jouer plus de cartes que d'espions - toutes puissances confondues - déjà présents : la différence entre les cartes jouées et les agents déjà en place détermine le nombre d'espions que vous pourrez envoyer. Comment? Vous ne comprenez rien ? Bon, pour tous les Johnny English de la terre, prenons cet exemple : si en Afrique il y a déjà 2 espions, il faudra réunir et défausser 3 cartes Afrique pour y envoyer 1 espion. Et si vous parvenez à jouer 4 ou 5 cartes Afrique, c'est carrément 2 ou 3 espions que vous enverrez en une seule fois. Bien-sur, vos adversaires ne vont pas vous laisser faire de tels charters.

L'intérêt de Spy est dans cette prise de risque, entre gourmandise et peau de banane. Sentir, deviner, suspecter que l'un de vos adversaires va envoyer un ou plusieurs agents vers une destination que vous avez en ligne de mire, c'est ce qui distingue un bon chef des services secrets d'un futur retraité, dont les mémoires de barbouze revanchard paraitront chez Robert Laffont. Si vous ne voulez pas faire la tournée des grands ducs (Ardisson-Fogiel-Ruquier), sachez anticiper !

Pour réussir un grand coup, il vous faut optimiser les rares cartes de votre main (votre botte secrète) et celles posées devant vous. Chacune d'entre elles désignant 2 destinations, il faudra jouer avec cette dualité et en les réorganisant, couper l'herbe sous le pied de vos adversaires. Bien-sur, chaque carte posée sera épiée. Mais vous ferez de même pour deviner les plans adverses.

On pourrait croire le thème de Spy quelque peu gratuit mais à bien y réfléchir, la problématique de Spy sert plutôt bien l'univers. Soit vous cherchez à occuper le terrain au plus vite histoire d'obliger vos adversaires à jouer plus de cartes pour investir un lieu, soit vous tentez de monter une opération d'envergure en envoyant plusieurs espions en même temps. Mais n'oubliez jamais : le temps joue contre vous...

Ne demandez pas à Spy l'impossible. C'est un jeu de cartes sympathique qui peut se révéler divertissant, surtout si on le joue un peu vite. Ce n'est pas un achat essentiel si votre ludothèque est fournie mais si vous cherchez un petit jeu d'appoint pour tous et qu'on peut emmener en voyage, il peut facilement s'inscrire sur votre liste de courses, vu son prix raisonnable.

BARBOUZE OU GROSSE BOUSE ?

Si la boite de jeu a su créer une vraie atmosphère, que dire des cartes plutôt insipides qui sortent les joueurs du thème ? • Ouaip ! Alors comme ça, ce freluquet d'Angel trouve que le thème n'est pas gratuit ? Faut le dire vite. Très vite. Et moi, je t'en trouve 50 des thèmes qui illustrent la problématique concoctée par Knizia • Justement, avec un tel thème, on espérait plus de mystère, plus de bluff, voire de la déduction : au bout du compte, chacun joue un peu de son côté à ce qui n'est qu'un simple jeu de défausse