Gang de requins
Une petite boite, quelques cartes, des mécanismes qui semblent au premier abord assez convenus... et au bout du compte, un petit jeu de cartes qui se révèle plutôt amusant, aidé par un thème où les forts en gueule pourront jouer l'intimidation.
A la tête d'un clan, vous allez tenter de blanchir un argent gagné un peu à la sueur de votre front... et beaucoup à la poudre de votre pistolet. Alors vous lorgnez sur ces petits commerces discrets, histoire de faire ça en douce. Mais voilà, sans véritable parrain pour régir cette île au caractère bien trempé, on se vole dans les plumes entre familles voulant faire main basse sur la plus grosse part du gateau. Et du coup, va y avoir de la rémoulade de mafieux au menu. Matin, midi et soir.
Pour imposer votre loi, va falloir recruter : c'est l'une des 2 actions disponibles à votre tour. Au centre de la table, 6 piles (1 par couleur) d'hommes de main prêts à se ranger à vos côtés. Un jet de 3 dés définira votre champ d'action : généralement, vous piocherez 2 cartes dans les couleurs désignées mais parfois, vous aurez la possibilité de fouiller dans une pile pour faire une "embauche" moins aléatoire ou encore de recruter directement dans la main d'un adversaire. Soyons clairs : rien d'exceptionnel ici si vous choississez cette action, très dépendante du lancer de dés.
Si Sicilianos fait pencher la balance du bon côté, c'est grâce à "l'autre" action : la guerre des gangs. Et là, rien ne doit être laissé au hasard. Si c'est dans l'action qu'on reconnait les grands hommes, partir la fleur au fusil ne vous vaudra qu'une belle épitaphe "Giovanni était de la race des plus grands.... avant qu'il ne se fasse racourcr les jambes par une quinzaine de sulfateuses ". Non, le business est trop sérieux pour le laisser à quelque chien enragé. C'est donc convaincu de votre vista que vous tenterez de blanchir de menues économies (d'une valeur de 5 à 50 000), sous la surveillance discrète d'un homme de main : si la valeur du billet misé est visible de tous, la carte personnage associée est logiquement face cachée. Difficile de croire qu'en face, ils ne bougeront pas le petit doigt... sur la gachette pour contrecarrer vos plans. Tous les autres joueurs, en sens horaire, pourront décider de vous affronter en posant également devant eux un billet et un homme de main. Ça va chauffer !!
Tous les clans qui se sont déclarés la guerre révèlent alors leur carte (d'une force de 1 à 11). Comme le vainqueur est celui qui pose le plus de points, cette première escarmouche est annonciatrice d'un affrontement sans merci. Et avec ce foutu honneur, les familles vont préférer un carnage à une retraite assurément brocardée dans le milieu. Alors à chaque tour, chaque clan envoie (pose) un homme de main en renfort histoire de faire plier la partie adverse.
Lors d'un affrontement, chaque joueur impliqué ne pourra jouer qu'une seule couleur, forcément différente de celles choisies par ses adversaires. Comme le dos des cartes est coloré, on peut donc évaluer les forces de chacun à tout moment. Il est d'ailleurs parfois judicieux de "griller" un adversaire en jouant une couleur très présente dans son jeu, l'obligeant ainsi à se battre dans une couleur où il est plus faible... ou encore mieux, à lui faire renoncer au combat.
Si chaque famille/couleur cache une carte "bombe" qui permet d'éliminer un adversaire, c'est surtout le "renégat" qui donne des couleurs plus personnelles à Sicilianos. De la trahison, voilà ce qu'il nous fallait ! Suffit pour cela de retourner sa carte renégat comme on retourne sa veste pour donner un petit coup de main à un clan jusque là ennemi. En cas de victoire et en remerciement, le clan rallié devra partager les bénéfices. En temps normal, le vainqueur blanchit son billet misé, reçoit la même valeur de la "banque" et obtient également un commerce (qui peut rapporter un bonus en fin de partie). En cas d'alliance, le joueur devra céder au renégat l'argent ou le commerce. Et si vous n'aviez besoin d'aucune alliance pour gagner, ça va grincer des dents !
On s'amuse clairement à Sicilianos. C'est bon enfant... mais avec une bonne dose de poivre qui fait qu'on se met souvent à pester. Avec le dos des cartes coloré, on peut évaluer les forces des uns et des autres, voler avec pertinence et tenter de choisir le bon moment pour lancer les hostilités. Avec une main limitée à 10 cartes, on est parfois obligé de rentrer dans une guerre des gangs : cela peut semer le trouble chez l'adversaire alors que vous ne songez qu'à vous défausser de vos cartes. Le choix de la couleur d'attaque est à ce moment là l'une des qualités tactiques de Sicilianos, permettant de mettre sur la touche un concurrent. On se sert parfois d'une série de petites cartes bien encombrantes pour obliger les autres à tirer leurs meilleurs cartouches et enchainer immédiatement avec une nouvelle guerre des gangs, où vous aurez sans doute la situation bien en main. Au bout du compte, si le jeu n'est pas d'une grande profondeur, il n'est pas dénué de ces petites subtilités tactiques qui rendent le jeu fort plaisant à l'arrivée. Le thème est de surcroit bien travaillé et les combinaisons de commerces réservent quelques bonus et surprises en fin de partie. Sympathique en somme!
ROULETTE SICILIENNE
Vous plaisantez là ? Comment voulez-vous construire quoi que ce soit lorsque tout est lié à ces foutus dés ? Car franchement, lorsque vous espérez des jaunes et que vous piocher toutes les autres couleurs, avec en plus des valeurs minables... il y a de quoi jeter le jeu par terre, le pietiner avec rage et claquer Raymond, déjà propriétaires de 4 commerces, qui vous a volé la seule bonne carte de votre jeu. Pourquoi moi ? Mais pourquoi moi ??? • En fin de partie, certaines couleurs ne vous permettent que de blanchir votre argent, les commerces associés ayant déjà trouvé tous preneurs. Pourquoi n'est-il pas possible d'aller prendre alors un commerce chez un adversaire ? C'est un jeu d'enfoirés ou non ? Non parce que toute la partie, j'ai pris des cartes de naze... alors si maintenant je monte uniquement celles qui ne me permettent pas d'avoir de commerce, je vous le dis tout de suite : je me casse de cette table !!! • Allo Raymond ? Oui, c'est jipé ! Tu te souviens de cette partie de Sicilianos qu'on a joué il y a 2 ans ? Oui, celle où tu m'avais volé une carte rouge ! un 11 rouge, tu t'en souviens pas ? Ah, ne fais pas le malin avec moi, je sais que tu t'en souviens. Tu avais même un petit sourire narquois tout en rangeant lentement la carte dans ton jeu. Si-si, lentement, je me rappelle moi ! J'oublie pas ces petits détails, MOI. Pourquoi je t'appelle ? Pour savoir de quelle couleur tu voulais que je repeigne ta voiture... Tu veux pas refaire la peinture ? Tu l'as achetée il y a 3 mois ? C'est ennuyeux, je l'ai déjà toute poncée. Va pas être belle si on la laisse comme ça.... mais bon, c'est toi qui décide ! •