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A LA DECOUVERTE DE SHABADABADA

Si vous aimez glapir des lalalère et assimilés, si vous êtes le prince du yaourt, the king of the singing shower, vous allez A-DO-RER Shabadabada. Dans l'autre cas, héhé...vous ferez tout pour vous dévouer à une juste cause : "allez-y, commencez sans moi... pour une fois que j'ai le courage de faire la vaisselle".

Bon, partons du principe que vous aimez chanter - c'est une hypothèse de départ, ne vous fâchez pas - et que ce soir, il y a du monde à la maison. Beaucoup. Beaucoup trop. Vous en avez assez que cette tribu siffle votre petite liqueur ramenée à prix d'or de vos vacances en corse et vous cherchez de quoi détourner l'attention de tous ces gosiers sans fond. La semaine dernière, vous les avez fait hurler à la mort... vous ne pouvez pas leur demander à chaque fois de lapider le plus barbu de l'assemblée sous prétexte qu'il a les oreilles pointues - Oui Gérard, tu as de belles oreilles pointues ! Belles... mais pointues. Heureusement, Shabadabada va sauver votre myrte.

Sous ce bon titre se cache un jeu d'une simplicité confondante. L'auteur - elle-même - reconnaît qu'on pourrait y jouer à la volée, sans sortir les 54 cartes recto-verso de shoobidoo wap doo wap (ah bon, c'est pas le titre ?). Bon, il se trouve que le jeu existe et c'est tant mieux. Au premier abord, ça semble facile puisque les règles le sont. Et puis, au pied du mur, y'a comme qui dirait plus aucun son qui sort de votre grande bouche de grenouille. Nous vous conseillons donc de jouer vraiment nombreux si vous voulez que les échanges ressemblent à quelque chose. Ce brainstorm musical est bien-sûr un prétexte à l'amusement, sans autre prétention que de fouiller, comme dans un bac à soldes, parmi toutes ces chansons qui jalonnent notre trop court passage sur terre.

Les cartes à double mots français/anglais raviront sans doute les plus jeunes d'entre vous, encore sous l'emprise des Britneys et autres bonbons acidulés. Les autres regretteront d'avoir trop fumer en écoutant les Doors. L'esprit d'équipe est bien-sûr essentiel et permettra même aux piètres chanteurs de se fondre dans la masse... car le handicap de shabadabada, c'est bien ces foutus blocages qui tyrannisent certains d'entre nous, même pour chanter "happy birthday". Histoire de rassurer le peuple en fuite, la règle vous autorise à déclamer aussi des vers... puisqu'un peu de poésie n'a jamais fait de mal à personne, malgré ce qu'ont prétendu de multiples générations d'élèves.

Tricheurs-tricheuses, Shabadabada est également une spéciale dédicace, une offrande qui ne se refuse pas Vous pourrez y aller de votre "Si j'avais un râteau o ho ce serait le bonheur" - et surtout profiter du charabia ambiant - go go go gadgetoplastic, that's so craaazy... Comment ? Tu connais pas les Boulish Partners ? 'tain, c'était un tube en 77 ce machin là, t'y connais rien toi. Évidemment, vous ne couperez pas aux tiraillements, à la mauvaise foi de certains... Du coup, vous parlerez peut-être plus que vous ne chanterez, surtout que votre culture musicale n'est pas dans le dico de famille : tu es sûr qu'avec le vent, va tout s'en va ? Humm ? Mais toutes ces approximations, ces ânonnements, c'est du rire en perspective. Alors venez en paix à Shabadabada si vous souhaitez repartir... en paix.

Comme nous sommes là également pour critiquer, on regrette un peu que le jeu "sente" autant l'autoproduit. Vous nous direz : c'est normal, c'est fait en famille. Sylvie Barc à conçu le jeu et son mari l'emballage : si l'ensemble n'est pas dénué d'humour (regardez bien les détails), cela manque un peu de vavavoum. On aurait aimé que cela chante "y'a d'la joie, bonjour-bonjour les hirondelles..." mais c'est plutôt "noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir". Décevant également d'ouvrir une boite carrée et de trouver des cartes rectangulaires. On imagine bien-sûr les contraintes de fabrication pour la jeune maison d'édition limousine (non, pas la voiture ! Du moins pas encore...) et on pardonnera volontiers car on est là pour chanter, pas pour contempler. Mais quand même... si le Monsieur Plus de Bahlsen était passé par là, cela n'aurait pas été pour nous déplaire.

Un thème plutôt qu'un mot, c'est ce qu'une carte peut ègalement vous soumettre. Malheureusement, cela tient de l'anecdote :au nombre de 10, les thèmes ne représentent que 5% de l'ensemble des propositions. C'est bien dommage car un thème est bien moins restrictif qu'un mot.

Shabadabada est le 4e jeu de la collection Kangourou, signée Asmodée. Cela tient donc dans la poche et semble idéal pour chanter cet été, sur la plage, autre chose que Santiago autour du feu. Rares sont les jeux qui peuvent faire jouer une assemblée, rares sont ceux qui essaient de vous faire chanter. Deux bonnes raisons de considérer Shabadabada pour ce qu'il est : un jeu d'ambiance. Et dieu - qui m'a donné la foi - sait que le rayon en question n'est pas bien garni.

Pour finir, nous vous conseillons fortement de lire l'interview de Sylvie Barc sur Ankou et l'irrésistible mise au point de maître Haffner. Sylvie se révèle dans les deux exercices excessivement attachante et la visite de son site - créé aussi par son mari - devrait vous conforter dans l'idée que ses 4 enfants doivent avoir une formidable maman.