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NOUVELLE VERSION

Il n'est pas rare de jouer et d'avoir cette curieuse sensation : j'ai déjà vu ça quelque part. De nombreux jeux sur nos étals sont en effet des rééditions, avec un degré de modification parfois infime. De là à ce que le thème soit changé et un achat impulsif risque de faire doublon dans votre ludothèque. Les fils de Samarande est par exemple une nouveauté 2005 qui n'en est pas totalement une.

Ce jeu de Bruno Cathala a en effet déjà vu le jour sous le titre "sans foi ni loi" en 2001. Après la disparition de Descartes, l'éditeur initial, Asmodée a eu la bonne idée de ne pas laisser ce jeu tomber dans l'oubli et revient donc à la charge avec une version... très renouvelée. Car il ne s'agit pas d'un simple lifting avec un nouveau format de boite et un changement de thème : le jeu en lui même a bel et bien évolué !

Soyons clairs : le far-west de la première version était le décor idéal à ce jeu où tous les coups sont permis. Le premier titre ne laissait d'ailleurs aucune ambiguïté sur la nature du jeu alors que "Les fils de Samarande" invitent plus au dépaysement qu'à la foire d'empoigne. Si la transposition au monde magique d'aladin est réussi, ceux qui ont connu la première édition jugeront - avec raison - qu'on y trouve moins facilement ses marques : Acheter des terrains, pour élever des vaches et les protéger de cow-boys : la logique était implacable et 'les références liées à ces pionniers servaient admirablement les cartes action.

En découvrant les ajustements dont profitent Les fils de Samarande, on comprend cependant que l'éditeur ait voulu joué la rupture avec un nouveau thème qui finit par séduire, partie après partie : les illustrations, bien plus réussies, n'y sont pas étrangères et on a vite fait d'adopter ces mauvais génies avec qui on retrouve le goût des petites mesquineries entre amis.

Simplification et rééquilibrage. C'est ce qui ressort de ce lifting ludique. Il est évident que le forum de l'auteur où chaque joueur a pu s'exprimer au sujet de "sans foi ni loi" a joué un grand rôle dans l'élaboration de cette nouvelle mouture. On s'abstiendra de refaire ici une nouvelle présentation du jeu et de ses mécanismes (reportez-vous pour cela à notre critique de "sans foi ni loi") pour s'attacher à déceler les modifications.

Par exemple, certaines cartes de la première version étaient jugées vraiment trop fortes comme le shérif.. et surtout le maire, dont la main mise sur la ville lui permettait de réagencer en permanence les 6 cartes du "marché". Avec ses méthodes abusives, il briguait vite une balle entre les deux yeux plutôt qu'un nouveau mandat. Désormais, le "calife" préfère ses coussins de soie à de telles intrigues et se limite à un petit dérapage contrôlé juste le temps d'un tour de jeu : de quoi largement rester en vie. Dans la cité, les assassins sont donc réduits à se spécialiser dans l'élimination des gardes, protecteurs des artisans. S'il était parfois facile de décimer une horde de cow-boys adverses avec un tueur à gage, on réfléchit à 2 fois dans cette nouvelle version avant de jouer du couteau : certains gardes, tout aussi affûtés que les lames qui les menacent, peuvent esquiver le premier coup... et obliger ainsi l'agresseur à relancer le dé. On pourra donc tenter de trier sur le volet sa garde rapprochée afin d'éviter de devenir une cible trop facile. Bien vu !

La gestion de l'or a également été repensée. Bien-sur, on n'engraisse pas les bijoutiers ou tisseurs de tapis comme le bétail de Sans foi ni loi. L'idée de l'élevage était pourtant fort amusante (est-ce que je laisse paître ma bête encore un tour pour qu'elle me rapporte plus d'argent ou je la vends immédiatement pour qu'on ne me la vole pas ?) mais elle impliquait aussi beaucoup de manipulations (on tournait chaque carte "vache" de 90° à chaque tour)... manipulations souvent oubliées d'ailleurs. Dans la nouvelle version, des taxes sont simplement perçues à chaque tour, ce qui permet des rentrées d'argent assez importantes si on a bien organisé et protégé sa cité. Du coup, dans une configuration à 2 joueurs, celui qui parvient à prendre rapidement le dessus financièrement joue avec 9 points d'action au lieu de 6. Et il devient facile d'étouffer l'adversaire et d'ôter tout suspense quant à l'issue de la partie. C'est le seul véritable point faible des Fils de Samarande... lorsque le tirage des cartes s'acharne sur un joueur trop focalisé jusque là sur les cartes action. A vous de veiller au grain pendant les premiers tours... pour éviter une partie à sens unique

La vraie refonte du jeu est liée au décompte final. La valeur d'un ranch était définie par le classement de chaque joueur dans 4 domaines : prairies, bêtes, cow-boys et or. On comptait donc inlassablement les forces adverses pendant les derniers tours pour essayer de gagner une place dans le sprint final. Dans les fils de Samarande, il n'y a plus cette compétition aussi directe - que certains regretteront peut-être - puisque l'accent est mis sur la richesse de la cité, c'est à dire sur la variété de ses composantes : plus vous avez d'artisans ou de quartiers différents, plus vous marquez des points. Chaque carte posée, avec une valeur minimum de 1, a donc une importance alors que dans sans foi ni loi, on pouvait renoncer à faire la "course" dans un domaine. Pour servir cette nouvelle approche, on joue avec 15 types de cartes "à point" au lieu de 9. Il existe même 2 cartes bonus qui augmentent votre score final en fonction des "petits artisans" présents dans la cité : une façon subtile de ne pas laisser végéter sur le plateau - comme c'était le cas avec les vaches maigres - des cartes dites de faible valeur.

On pourra bien-sur toujours regretter la première version (plus économique), dont le croque mort et les mines d'or - 2 idées amusantes - ont été sacrifiés. Les duels, bien plus nombreux au far-west, manqueront aussi à certains. Mais voilà, Bruno Cathala a élagué, remodelé pour gagner en fluidité et simplicité. A y regarder de plus prêt, cette remise en forme est d'une grande intelligence et prouve l'humilité de son auteur, prêt à remettre en question un jeu, sans doute rangé au rayon de ses bons souvenirs. Les Fils de samarande porte la marque d'un auteur qui commence a avoir sacrément de la bouteille. Respect.

 

POINTS D'ACTION
DEVELOPPEMENT
CARTES "ACTION"