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GRAND ECRIN !

Le 7e art passionne des millions de gens mais semble perdre de sa magie et de son aura dès qu'il est associé à un plateau de jeu. Généralement exploité à travers des séries de questions pour que les cinéphiles puissent se faire mousser, il est toujours agréable de voir un jeu utilisant ce thème sans le réduire à un test de connaissances. Maître des enchères, Knizia nous a donc fait sa petite sauce autour du cinéma. Traumfabrik vous fait pointer à l'usine de vos rêves, mais dans le costard du grand patron, celui qui vous donne les pleins pouvoirs - le "final cut" si vous souhaitez vous la péter - un gros cigare (tant pis si vous ne supportez pas l'odeur) et une kyrielle de starlettes qui feuillettent Hollywood Star sur la banquette arrière de votre limousine. Vous êtes seul maître à bord, avant Dieu, et ça se voit.

Pour monter vos prochaines productions, c'est pour vous aussi banal que d'aller au supermarché. Acteurs, réalisateurs, musique, effets spéciaux, etc... s'achètent aux enchères par packs comme les yaourts. Si vous n'aimez pas ceux à la banane, tant pis pour vous. Le mécanisme principal de Traumfabrik est dans cette vente par lot, façon saisie de douane, contraignante et vicieuse, et ne vous garantissant pas d'obtenir le gratin d'Hollywood. Vous consentirez alors peut-être à produire une série B afin de respecter les contrats signés Knizia s'amuse de tout ceci et propose du coup un oscar pour le film le plus mauvais. Ne faites pas la fine bouche : cet "oscar du nanar" peut faire la différence lors du décompte final.

Au début de chacun des 4 tours, des lots de jetons sont placés face visible sur chacune des cases du plateau : cela permet de planifier son action. Certains restent cependant face cachée et ne seront révélés que le moment venu : chacun alors en choisira un, la priorité étant donné à ceux ayant engagé jusque là les acteurs les plus côtés. Autant vous dire que vous allez vous battre pour avoir le plus beau casting, choisir en premier parmi ces jetons cachés etant un avantage non négligeable

Au final, la valeur d'un film est déterminée par le cumul des étoiles affichées par tous les jetons qui lui ont été alloués, additionnée des récompenses obtenues. Maître Knizia en profite pour rendre hommage au Maître Hitchcock et fait ainsi une apparition clin d'oeil, caché parmi les acteurs du jeu. Autant vous dire qu'il a eu la décence et l'humour de n'y mettre aucune étoile. Et de l'humour, il y en a dans Traumfabrik car certains films se retrouveront avec parfois un casting surprenant.

En fait, il se dégage au cours du jeu deux personnalités : ceux qui misent sur le qualitatif, en investissant à bon escient, sans rechigner sur les moyens, afin de s'attacher les services des pointures d'Hollywood, espérant ainsi produire un film à grosse côte pour remporter quelques prix. Et puis il y a ceux qui ont l'éthique distendue, avec des films vite produits, vite consommés, vite oubliés... et qui se rattrapent sur la quantité. Évidemment, autour de la table, tous les producteurs que vous incarnerez ne manqueront pas de se tirer dans les pattes, méprisant les médiocres, les petits bras, les tacherons du cinéma. De quoi s'amuser une nouvelle fois.

Si les titres des films vous semble un peu barbares, vous trouverez sur le site de l'indipensable François Haffner - outre la traduction soignée de la règle - des étiquettes avec les titres en Français, à coller sur les cartons concernés


ZE END. ET C'EST TANT MIEUX !

C'est de l'enchère permanente : cela manque de variété • la cote des acteurs est parfois contestable • Brad Pitt ou Leonardo di Caprio sont désespérément absent de la distribution qui fait la part belle à l'âge d'or du cinéma. Les jeunes joueurs vont être déçus et sans doute peu touchés par la nostalgie • Il n'y a aucune logique dans la distribution des prix par rapport à la réalité du monde du cinéma : cela n'aide pas à la compréhension des règles • Pourquoi s'être focalisé sur les oscars ? Il aurait fallu que certains prix complémentaires soient ceux de Cannes, Venise et Berlin. Du coup on peut gagner 4 fois l'oscar du meilleur film... avec le même film. Risible ! • Le prix du film le "plus rapidement réalisé" est une pure ineptie pour justifier un mécanisme • Pourquoi un oscar du film le plus mauvais ? Il existe réellement un prix citron, décernant chaque année le navet de l'année • Reiner, AVOUE ! Avec tous jeux que tu inventes, tu n'as plus le temps de suivre l'actualité ciné ? Hum ?

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