le Clube
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LA VIE EN ROSE
Quelle bonne idée d'avoir réintitulé
"Phnix", ce jeu initialement prévu pour la gamme "Games
for Two" sous l'alambiquée appellation "Kal & Idoscope".
Curieusement, Descartes a donc choisi de ne pas l'inclure dans sa nouvelle
gamme : la faute peut-être à un coût de fabrication plus
élevé que ces prédécesseurs, la boite recelant
des gros pions en bois aux couleurs vives, très agréables aussi
bien à l'oeil qu'au toucher.
Le principe du jeu est simplissime : réorganiser sa ligne de 10 pions
colorés en respectant le spectre central, composé de 6 gros
cubes de couleurs différentes. Pour cela vous disposez de cartes qui
vous permettent de déplacer ou permuter vos pions de 1 à 4 espaces...
et surtout d'échanger avec un pion adverse.
Le premier délice est le tirage au sort du spectre, puis des pions
de chacun. Nous conseillons d'ailleurs fortement que ce soit le même
joueur qui s'occupe de cette tache à hauts risques : cela fera monter
un peu la pression de votre cerveau à vapeur, façon "bin
dis donc, t'avais pas plus compliquée comme position de départ
? " et finira par vous faire rire jaune en ponctuant votre désarroi
d'un "Ça va pour toi ? Ils sont suffisamment bien rangés"
? Et oui, Phnix est un jeu où la chance est présente,
du début à la fin, vous imposant un casse-tête différent
à chaque partie.
Et il vous faudra mettre votre bleu de chauffe car effectivement, "casse-tête
il y a ! Rien d'insurmontable, rassurez-vous... il faut juste optimiser ses
déplacements, surveiller l'évolution adverse, voire la contrer,
parfois même en détruisant son propre jeu. On vous l'affirme
: certaines manches peuvent être très très longues, tant
on cherche à mettre des bâtons dans les roues adverses.
La premier intérêt du jeu, c'est de pouvoir construire une tactique
sur plusieurs coups, parfois sans parachute : il n'est pas rare en effet de
commencer un enchaînement de coups, dont la réussite dépend
d'une carte... que vous espérez piocher entre temps. Le chemin le plus
court n'est alors pas forcément le plus rapide et une prise de risque
peut vous faire perdre du temps... et du terrain. Le second intérêt
est bien-sur l'interaction avec le jeu adverse : il s'agit de le ralentir,
généralement en permutant 2 pions, façon "premier
de la classe binocleux contre la limace collée au radiateur" :
de quoi rendre vert de rage votre adversaire, anéanti dans ses efforts
d'harmonie. Si vous aimez manger incidemment en cuisine - et sous le nez du
maître d'oeuvre - cette délicieuse tomate cerise, point d'orgue
majestueux d'une composition digne d'un festin de Vatel... ce jeu est pour
vous !
Phnix recèle suffisamment de subtilités tactiques pour
vous obliger à garder l'oeil ouvert. Inutile par exemple d'avoir les
6 couleurs présentes dans votre alignement de pions : faire l'impasse
sur une couleur peut surprendre votre adversaire, au même titre que
changer l'ordre du spectre. Mais il vous faudra jongler avec les différents
bonus accordés aux 2 joueurs, à la fin de chacune des 3 manches
d'une partie : finir en premier, avoir toutes les couleurs, aligner 3, 4 ou
5 pions de même couleur... autant de points accordés qui permettent
au perdant d'une manche de rester dans la course en marquant lui aussi quelques
points salvateurs.
Phnix est clairement une réussite, par sa simplicité et
la qualité de sa présentation : si coloré qu'on à
l'impression de jongler avec des friandises et permet ainsi d'oublier l'étiquette
de jeu abstrait. De quoi voir le jeu en rose si besoin en était.
NOIR
C'EST NOIR
Il y a des positions de départ très avantageuses... ou très désavantageuses : la vie est injuste ! Quand vous n'avez pas de carte pour contrer le jeu adverse, c'est... comment dire... frustrant ? Rageant ? Le premier joueur a bien-sur un coup d'avance, ce qui reste un avantage considérable... ou contestable. Heureusement le perdant commence la manche suivante. Mais n'aurait-il pas été plus équitable que chacun joue le même nombre de coups ?