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REGLE DISPO CHEZ L'EDITEUR
CHOIX SIMULTANÉ
ENCHERES CACHÉES
COMBINAISONS DÉS
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MOI Y'EN A VOULOIR DES SOUS

Crésus a donc choisi son camp, claironnant à qui veut l'entendre qu'il est le digne héritier du Monopoly. Pour ceux dont le cerveau est bloqué par un trop plein de calcaire, traduisez par : "laissez le vieux croulant sur l'étagère sniffer sa boule de naphtaline et admirez la relève !"

Bon ! Crésus n'est pas le premier jeu - et il ne sera pas le dernier - a avoir sorti l'arbre genéaludique pour se faire une place entre le Cluedo et la Bonne paye. Et histoire d'assurer la filiation : le moule capitalo-rigolo imposé depuis plus de 70 ans par le Monopoly est bien au rendez-vous. Si accumuler une fortune en faux billets de banque vous fait suer à grosses gouttes, sortez votre stick Mennen extra large car Crésus porte bien son nom.

Saluons d'ailleurs le titre du jeu : court, efficace et évocateur, plombé malheureusement par un slogan pataud (osez devenir riche). Si la boite manque de personnalité (les esprits retors pourront d'ailleurs s'interroger sur une pseudo évocation du camembert du Trivial Pursuit), le contenu est en tous points remarquable. Le matériel est de grande qualité, le design soigné même s'il ne fera pas forcément l'unanimité. On appréciera en particulier les pions en métal, très réussis, ainsi qu'un rangement intérieur vraiment bien agencé, permettant de transformer la boite en présentoir pour disposer facilement tout au long de la partie les différentes cartes ou billets : vraiment bien pensé ! Une très bonne initiative également avec une aide de jeu qui vient soutenir la règle officielle. Finalement, la seule réserve concerne les billets de banque monochromes qui ne faciliteront pas le travail du banquier...

Côté mécanismes, les auteurs de Crésus ont plutôt varié les plaisirs : choix simultané, enchères cachées, combinaisons de dés, troc, cartes spéciales. Certes le jeu est dans sa globalité très axé sur la chance. Trop affirmeront certains. Exclusivement diront les autres. Mais en regardant les différents thèmes abordés dans le jeu (bourse, loterie, casino, poker, courses hippiques), la chance est bien le coeur du jeu. Car dans Crésus, on ne devient pas riche à la sueur de son front mais aux nouilles qui peuvent border votre popotin.

Il en faudra cependant un peu plus au niveau de la parure qu'un simple collier de nouilles, même griffé Barilla, pour vous croire arrivé. Le but du jeu sera donc d'acquérir 7 signes extérieurs de richesse : d'abord le cabriolet à 35000 pour finir avec l'île paradisiaque à 500 000. Pour réunir ces sommes dérisoires, rien de tel que de boursicoter. Chaque joueur a devant lui un mini plateau représentant son portefeuille d'actions avec 6 secteurs d'activité. En début de tour, vous choisirez secrètement l'un des marchés mondiaux (Tokyo, Sidney, etc....) où 2 actions seront mises en vente. Vous prierez pour vous y retrouver seul car en cas de concurrence, il faudra vous départager via des enchères cachées. Et vous risquez fort de repartir bredouille si vous mégotez sur vos mises.

Obtenir des actions dans un secteur dans lequel vous avez déjà investi vous permettra de toucher un bonus sectoriel non négligeable. La clé de votre réussite passera par ces concentrations verticales et vous n'hésiterez pas à faire du troc pour développer un secteur particulier. Mais attention : à jouer ainsi les cumulards, vous risquez de manquer de liquidités et lorsqu'il s'agira de régler les impôts, certains de vos acquis seront revendus à moitié prix. Il faudra donc songer à alléger votre portefeuille de temps en temps.... pour parer par exemple à des frais de divorce. Et oui, la vie est cruelle. Crésus aussi.

Le système de revente des actions reflète bien la prise de risque liée au boursicotage car tout se joue aux dés. Selon l'action mise en vente, vous disposerez de 1 à 3 jets afin d'obtenir le maximum de faces rouges... équivalentes à des pépettes ! Se résoudre à vendre une action, c'est risquer une perte sèche et bien-sur se priver d'un bonus sectoriel éventuel. On regrettera lors de cette phase de revente qu'aucune limitation n'ait été prévue : il aurait été tactiquement intéressant que la vente d'une action ne soit autorisée que si son marché d'origine était bien actif pendant le tour en cours. Au lieu de ça, lors du 10e et dernier tour de jeu, chaque joueur revend la totalité de ses actions... et cela en devient interminable!

Crésus, comme nombre de jeux poussant à l'enrichissement, atteint ses limites selon la loi "l'argent appelle l'argent". Car si vous êtes assis sur un bon petit matelas d'oseille après une ou 2 premières transactions réussies, il vous sera facile de contrôler les prochaines enchères cachées : vous y mettrez peut-être le prix fort mais en sevrant ainsi vos adversaires, il leur sera difficile de faire des bénéfices avec un portefeuille d'actions... bien pauvre. Et vous ferez ainsi la course en tête... pendant que les autres feront tout pour ne plus choisir le même marché boursier que vous.

Heureusement, rien n'est perdu grâce aux cartes Crésus. Avant la phase boursière, chaque marché actif reçoit en effet l'une de ces cartes et donne aux joueurs l'occasion de faire rentrer du cash en remportant un tournoi de tennis, en jouant à la loterie, etc.... à condition de réaliser la bonne combinaison aux dés ! Mais ne croyez pas vous remettre en selle si facilement : un tiers des cartes Crésus viennent aussi ponctionner votre trésorerie ! Redressement fiscal, incendie, impôts.. alors que vos adversaires passent leur temps au champ de courses ou au casino, cela peut faire grincer des dents surtout si vous êtes déjà à la traîne.

Une fois de plus, le timing d'une partie (45mn +) annoncé sur la boite est une véritable galéjade et il est aisé de doubler cette durée. Avec des enchères cachées plus rares, on imagine que la configuration 2 joueurs permet sans doute d'approcher la promesse de l'éditeur. Mais dépossédé de ses enchères, Crésus ne devient qu'un simple jeu de dés. On vous encourage donc à jouer à au moins 4 joueurs pour que les conflits d'interêts soient plus nombreux, le jeu plus drôle.. tout en renonçant à jouer en moins d'une heure. Certes, Avecor n'est pas le premier éditeur à revoir à la baisse l'info concernant la durée d'une partie mais cette pratique commence à être vraiment horripilante et on se demande jusqu'à quel point le consommateur ne peut pas s'estimer trompé.

Crésus est donc bien ancré dans ces années 80, très "golden boys". Les temps ont changé et en 20 ans, les money makers ont moins le vent en poupe. En misant sur un thème aussi peu fantaisiste et des mécanismes trop axés sur la chance, le bilan comptable est décevant... mais prévisible avec le profil de nos testeurs, qui ont dépassé depuis longtemps le stade du Monopoly. Cela n'occulte en rien les qualités du jeu et on a pu entendre autour de la table: "ce n'est pas spécialement ma tasse de thé mais il faut reconnaître que pour un jeu grand public, c'est bien foutu". Alors du coup la notation a été parfois complexe et si au bout du compte, personne n'a vendu son âme au diable, Crésus ne manquera pas d'amuser tous ceux qui n'hésitent pas à confier leur destin aux caprices du dé. Ce jeu boursier très light sera également l'occasion de découvrir les joies des enchères cachées, mécanisme peu présent dans l'offre grand public. On tient également à saluer le site dédié au jeu, avec toutes les règles et aides en téléchargement. Par contre, on ne s'attardera pas sur la section "la presse en parle" guère informative ou prescriptive.

le site de l'éditeur: