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ELECTROLUDIQUE ?

L'arrivée en fanfare du Roi Arthur avec une banderole "voici l'avenir du jeu de plateau", c'est un peu se promener déguisé en lapin à l'ouverture de la chasse. Même si l'electronique intervient depuis longtemps dans les jeux de société, Ravensburger semble mettre la barre beaucoup plus haute. Mais au delà de la prouesse technique, qu'en est-il du plaisir ludique?

La conception du jeu aura été un travail titanesque à en croire les moyens mis en oeuvre, dignes d'une superproduction. Des mois de recherche où le créateur - Reiner Knizia - a du composer avec le défi électronique. En cette rentrée 2004, la version française arrive dans nos rayons et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle ne passe pas inaperçue tant la boite est immense. Tributaire d'un plateau de jeu d'un seul tenant, qui ne peut pas se plier à cause de sa partie électronique, la boite parait au bout du compte curieusement un peu vide.

D'un point de vue technique, le jeu est vraiment bluffant au premier abord. Incorporé au plateau de jeu, un gros rocher en volume retient Excalibur prisonnière . En fait, il s'agit de l'ordinateur central mais pour rester dans le thème, il se fait appeler Merlin. Tout au long de la partie, il va vous guider, compter vos points ou encore gérer les différents personnages que vous pourrez rencontrer au gré de vos pérégrinations. Chaque joueur joue un chevalier, représenté par une belle figurine de 8 cm de haut. et il devra se rendre dans de multiples endroits (23 au total sont représentés sur le plateau de jeu) afin de récolter des biens (boucliers, épées, nourriture), acquérir des trophées et bien sur prouver sa bravoure.

Tous les déplacements ou les décisions de votre chevalier sont en fait mémorisés par Merlin. Pour signaler votre nouvelle position ou une action, il suffit de tenir d'une main le heaume de votre figurine et d'effleurer de l'autre l'un des symboles imprimés en bas du plateau de jeu. Magique. Au nombre de 7, ils forment une sorte de tableau de commande pour faire réagir votre chevalier en fonction des événements ou personnages rencontrés. Vous pouvez combattre, négocier, donner, échanger, refuser et fuir.

En fait, dans chaque lieu que vous traversez, vous pouvez croiser chevalier, voleur, aubergiste, princesse, mendiant, paysan, dragon... en tout, quarante personnages aux comportements divers et aux voix personnalisées (issues du travail de 6 comédiens). La digitalisation est plutôt de bonne facture, le volume non réglable est largement suffisant à condition de jouer au calme chez vous. De toute manière, vous pouvez réentendre à volonté le dernier message de Merlin.

L'objectif du jeu est d'offrir le trône à votre chevalier. Pour cela, il vous faudra cumuler, selon le mode choisi, 30 ou 40 points de gloire, 2 ou 3 trophées puis de retourner au rocher prendre Excalibur. Les trophées (lance, destrier, armure), s'échangent dans les châteaux contre différents biens. Si vous trouvez le prix trop élevé ou que vous n'avez pas les moyens, vous pourrez donc négocier à la baisse, même plusieurs fois de suite... mais attention car vous pourriez bien essuyer un refus... et vous perdriez ainsi un tour. Et perdre un tour, c'est laisser le trône vacant pour les autres chevaliers. Alors ? Est-ce que le futur roi d'Angleterre doit être pingre ?

En fait, le roi Arthur est un jeu de parcours non linéaire où il s'agira d'être le plus rapide. Il faut tout d'abord réunir des biens que vous trouverez essentiellement dans les villages ou à l'auberge. Vous devrez alors bien observer le parcours des autres chevaliers car passer en seconde ou troisième position dans un lieu vous rapportera moins de biens. Votre main étant limitée à 8 cartes, vous serez sans doute amené - pour répondre à certaines éventualités - à faire du troc au marché ou avec les autres joueurs. Ces rares échanges montrent du doigt le manque d'interactivité entre les joueurs! Pas de situation de blocage (aucune limitation par case) qui pourrait rendre le déplacement tactique, aucun combat entre chevaliers faisant la course au trône....c'est la vraie grosse déception de ce jeu qui a privilégié l'interactivité avec les joueurs électroniques Que le Roi Arthur puisse être pratiqué en mode solo (plutôt une bonne chose sur le papier) est d'ailleurs révélateur.

Les combats - entièrement gérés par l'ordinateur - sont frustrants : on ne sait pas pourquoi on perd ou on gagne mais on se doute qu'il faut s'empresser d'acheter au plus vite une lance et une belle armure pour faire bonne figure au champ de joute. Quoiqu'il en soit, on regrette de n'avoir pas plus notre destin en main comme dans la légende de Zagor, édité il y a déjà de nombreuses années et où l'électronique était également prédominante : les monstres y annonçaient la puissance de chacun de leurs coups via l'ordinateur et le joueur actif rispostait en lançant les dés.

Merlin de son côté proposera tout au long de la partie des quêtes qui permettront aux chevaliers de gagner des points de gloire ou des biens supplémentaires, si vous êtes le premier à vous rendre dans un lieu précis. Comme on vous autorise à dépenser 3 cartes "bouclier" au début de votre tour afin de vous rendre n'importe où sur la carte (ah bon ? La téléportation existait déjà ?), l'occasion de griller ainsi au poteau tous vos petits camarades semble tentante. Mais en sachant que Merlin annoncera ensuite une nouvelle quête à l'autre bout du pays, favorisant vos adversaires, vous pourrez légitimement vous interroger sur le bien fondé d'une telle dépense. Vous ruminerez également lorsque Merlin choisira une destination occupée par l'un des prétendants au trône. Et vous aurez envie de lui parler encore plus du pays lorsqu'il se lancera sur plusieurs tours dans un véritable ping pong géographique, servant sur un plateau points ou biens à 2 chevaliers qui n'en demandaient pas tant.

Il faut noter que la règle des boucliers vient subtilement pallier à toute erreur éventuelle sur le plateau de jeu : en effet, les cartes défaussées ne sont pas gérées par l'ordinateur. De ce fait, si vous faites une erreur de déplacement, l'ordinateur n'en tiendra pas rigueur, pensant que vous avez joué des boucliers auparavant. Cela vous évitera tout arrêt intempestif en milieu de partie et ça, c'est un vrai bon point ! Il n'y a pas d'ordre de tour établi non plus : vous pouvez très bien décider de jouer chacun 2, 3 ou 4 tours d'affilée sans que merlin perde les étriers. Donc si le noir joue par mégarde avant le rouge, aucun souci.

Votre capacité à vous déplacer rapidement participe beaucoup à votre victoire. Pour rejoindre une destination, il faudra peut-être traverser plusieurs lieux : vous chercherez parfois à ne pas vous arrêter en chemin pour ne pas perdre de tours. Mais l'ordinateur en décide ponctuellement autrement, mettant sur votre route des personnages qui ralentiront votre voyage. Evidemment, ces déplacements au petit bonheur la chance vont en frustrer plus d'un. D'une manière générale, le sentiment de n'avoir aucun contrôle sur la partie ne quittera pas les joueurs. Soit cela vous amuse d'être ballotté car vous aimez l'aventure, soit vous rangez le Roi Arthur dans votre placard.

Les points de gloire - seconde condition de victoire - seront collectés lors de combats face à divers adversaires, grâceà des quêtes ou en faisant par exemple preuve de générosité. C'est une partie d'ailleurs assez amusante du jeu où des personnages viennent quémander de l'aide ou un bien. Et comme vous ne serez pas systématiquement récompensé, on pourra très vite constaté par vos réactions si vous avez une vraie noblesse de coeur ! L'un des moyens de gagner facilement des points de gloire est également de ramener à l'abbaye des pendragons (que vous échangez à tout moment contre une combinaison de biens) : c'est une tactique généralement payante car dénuée d'aléatoire et elle permet également d'éviter de devoir jeter des cartes en trop si votre main dépasse 8 cartes.

Sur la partie électronique du jeu, il est vrai qu'on est assez surpris, voire bluffé, par le système : qu'un simple effleurement du plateau de jeu indique votre action peut effectivement laisser croire à une nouvelle génération de jeux de société. Mais pour être honnête, il va sans doute falloir attendre encore un peu pour trouver le jeu qui trouvera le bon équilibre entre jouabilité et interactivité (nous n'avons cependant pas testé le cluedo interactif, s'appuyant sur un principe similaire). Là où le ciel s'assombrit, c'est qu'au bout de quelques parties, le Roi Arthur a montré quelques déficiences avec un tableau de commande capricieux, restant insensible à toutes les indications d'action selon le chevalier joué. Et quand on passe plus de temps à essayer de faire marcher le jeu qu'à y jouer, c'est mauvais signe. L'efficacité des contacts semblent être liés à beaucoup de conditions : l'humidité ambiante de la pièce où vous jouez, la capacité de chaque joueur à pouvoir faire contact, les crèmes ou les pommades qui salissent le plateau et les figurines, des surfaces de contact des chevaliers visiblement fragiles.... au bout du compte un bilan très mitigé. Peut-être avons nous joué de malchance avec notre exemplaire mais que l'un des 4 chevaliers se soit révélé quasi incontrôlable après 5 parties, c'est...... rageant.

Il est assez étonnant que la campagne télé du Roi Arthur pour ce noel 2004 passe sous silence le concept novateur du jeu, faisant totalement abstraction de la partie électronique du jeu. Présent dans toutes les enseignes à un prix plutôt attractif (45 euros), nul doute que la belle et grosse boite du Roi Arthur sera au pied de nombreux sapins. Si vous apprécierez la capacité du jeu a généré des parties différentes et son thème très séduisant, il faut bien avouer que Reiner Knizia n'a pas dominé son sujet et à part sa signature, l'apport du maître est bien transparent. Nulle trace ici d'un quelconque mécanisme, simple et astucieux, apte à libérer le joueur du joug de ce jeu très directif. Et il parait difficile après une ou 2 parties initiatiques amusantes que le jeu puisse continuer à passionner les plus de 15 ans. Mais si vous avez gardé votre âme d'enfant et la nostalgie de ces histoires merveilleuses contées par maman ou papa pour vous endormir, le Roi Arthur vous fascinera sans doute. Pour les autres, nous ne pouvons vous conseiller qu'une seule chose : essayez le jeu avant !

 

 


 

 

COMBATS
GESTION ELECTRONIQUE
OPTION MODE SOLO