Clube : Leonardo da vinci

Houlala ! Un "10" ? C'est un peu l'étonnement que j'ai créé auprès de mes petits camarades de jeu, qui ont d'ailleurs fort apprécié le jeu... sans toutefois dépasser le 8/10.

Alors j'ai du expliquer dans un premier temps que je ne sacralisais pas la note maximum. Certains la gardent sous le coude, en guettant le jeu de la décennie. Moi pas. Je juge en fonction de mon plaisir, point barre. Et franchement, quand vous passez 2h30 sur un jeu et que vous êtes persuadé d'avoir joué 1 heure de moins, je ne peux constater que l'évidence : je ne me suis pas ennuyé une seule seconde.

La base est très classique : un jeu de combinaisons de ressources afin de construire des inventions. Mais la dimension ajoutée du "temps" confère à Leonardo da Vinci autre chose qu'un statut de doublon. Car s'il convient de réunir les bonnes cartes - dans un mécanisme de placement simple et efficace - il s'agit de faire travailler en parallèle ses laborantins un nombre de semaines plus ou moins conséquent selon l'importance de l'invention. Et les répartir entre la collecte et la production génère un délicieux tiraillement.

En début de partie, nous sommes surpris par les éléments disparates attribués aux joueurs. Mais on trouve amusant que chacun soit obligé d'adopter sa stratégie en fonction de son "kit d'inventeur".

Mica prend le meilleur départ (avec 2 labos et un joli pécule). Il réalise la première invention, enchaîne les suivantes et il dépense à tout va. Alors que tout au long de la partie, nous sommes tous persuadés qu'il est sur l'autoroute de la victoire, il finira dernier... pour avoir joué les paniers percés. On ne l'y reprendra plus.

De mon côté, je fais l'erreur d'investir dès le 1er tour dans une grosse invention. Je bloque ainsi mon seul laboratoire, rendant impossible l'ajout d'automates. La section du plateau relative à l'upgrade des labos est prise d'assaut par mes petits camarades et j'ai du mal à acquérir mon second laboratoire, puis des automates pour celui-ci. Entre temps je n'ai pas pu me résoudre à abandonner mon invention pour libérer mon premier labo, bien que mes ouvriers - trop occupés à récupérer des ressources - n'aient pas trop participé à la phase de fabrication. Cela s'annonce mal car je me rends compte de l'importance de récupérer rapidement de l'argent avec des "petites inventions", histoire de pouvoir "payer" ses ressources si on n'est pas majoritaire dans un lieu.

Alors que tous ont réussi à réaliser 3, 4 ou 5 inventions, je n'en ai qu'une à mon actif, ayant systématiquement perdu toutes les enchères cachées dès que j'étais en concurrence avec l'un de mes partenaires pour la légitimité d'une invention. Autant dire que le bonus de fin de partie lié à la combinaison des inventions réalisées ne me concerne pas. Le spectre d'une défaite assurée n'entame cependant aucunement mon enthousiasme. Pourtant, lors du décompte final, je prends à ma grande surprise (et je ne fus pas le seul autour de la table à m'en étonner) la seconde place. Ma stratégie "à l'économie" imposée par mon erreur de départ et mes échecs lors des enchères... a été payante !

Voilà, j'ai adoré être "partagé" dans ma gestion des ouvriers, être pressé par ces 9 tours de jeu qui défilent à vitesse grand V, obligeant une parfaite optimisation des ressources, être paniqué à l'idée de manquer de temps pour finir ma dernière invention ... et je n'ai donc qu'une hâte : recommencer !

L'occasion m'est donnée de le faire tourner Leonardo dans sa config minimum, c'est à dire à 2 joueurs. Mais le jeu va se révéler bien moins intéressant.

On opte pour la règle avancée, qui permet de choisir ses privilèges. Et à 2 joueurs, 1 seul nous est accordé. Nono se sert en matières premières pour pouvoir lancer immédiatement une invention. De mon côté je choisis 1 apprenti de plus avec la ferme intention de persister dans cette voie. Et je persiste donc, tour après tour... jusqu'à monter une véritable armée et avoir la main mise sur le plateau de jeu.

Avec sa petite équipe, Nono semble grapiller ce qui lui est nécessaire et - surtout - avance régulièrement sa première invention, plus ambitieuse que je ne croyais.

je croule sous les ressources et je crois avoir à ma merci mon adversaire, un peu comme le lievre (moi) et la tortue (Nono). Mais dans Leonardo, le temps est compté et mon suréquipement (labo, automates, apprentis, ressources) est sans aucun doute démesuré et sur la ligne d'arrivée, je suis moins certain de ma victoire, car j'ai du retard du côté de mes inventions. Je fais en plus une grossière erreur en réarrageant au 7e tour la pioche des inventions... sans mémoriser les ressources nécessaires pour anticiper leur fabrication. Pitoyable.

Finalement, tout va se jouer sur une seule invention que nous réalisons tous les 2 durant le dernier tour et que Nono remporte avec une enchère cachée supérieure. C'est le prix qu'il paie alors qui me permet finalement de remporter de peu la partie.

Une heure de jeu. Ce fut vraiment rapide et dynamique. Mais voilà : chacun a pu mener sa propre stratégie et le plateau, trop grand pour 2 joueurs, laisse peu de place aux blocages. Il faudrait introduire un 3e joueur neutre pour corser les débats.

Si cette partie avait été ma première, je l'aurais sans doute notée 5 ou 6/10. Heureusement pour Leonardo, ma première expérience fut autre mais pour cette config "2 joueurs" à l'intérêt discutable, je descends ma note à 9/10. Une petite sanction à contre-coeur.