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A une époque pas si lointaine, se morfondaient les âmes des joueurs, errantes dans un trou noir abyssal en quête inutile de paradis ludique. Et la lumière fut. Tel un miracle. L'Eldorado allemand signait la résurrection de nombre d'entre nous, n'hésitant pas à faire un coming out retentissant : oui, je suis joueur et j'ai toujours été joueur, que cela vous plaise ou non. Et indiciblement, les regards changeaient. Les envies aussi. Nous sommes devenus une cible potentielle pour tous les marchands de rêve qui échafaudèrent dès lors des stratégies commerciales sournoises pour venir faire leur lit jusque dans nos portefeuilles. Pauvres foules sentimentales qui veulent en avoir plein leurs armoires (!), il est temps de sonner la révolte avant de passer à trépas, sous les assauts d'un buzz sodomite démesuré. Hum… vous êtes sérieux là ?

J'avoue avoir eté quelque peu surpris, gêné, estomaqué, révolté (aucune mention inutile à rayer) à la lecture de certaines réactions, suite à l'annonce du prochain Days of Wonder : Colosseum, de l'immense Wolfang Kramer (avec Arkus Lübke). . Quel cadeau pour le public français ! Qui l'aurait seulement rêvé fin 2002, lorsque un nouvel éditeur présentait "Aux pierres du dragon" ?

Rappel des faits : Descartes tire alors ses dernières cartouches, Asmodée n'a pas encore trouvé les bottes de 7 lieues et Tilsit subit inlassablement les foudres des joueurs pour ses licences… autant dire que le pari de Days of Wonder revenait à traverser un champ de mines. Un Spiel et des dizaines de prix plus tard, DoW est devenu le vilain canard aux intentions mercantiles inavouables. Une fois de plus, célébrer la réussite parait de l'ordre de l'insurmontable, pour nous hargneux petits Gaulois, toujours persuadés qu'un simple petit village peut tenir tête à un empire.

Accuser l'éditeur de formatage intempestif, c'est oublier un peu vite "Les chevaliers de la table ronde". L'accuser de mécaniques superficielles, c'est juste faire l'apologie d'une élite insatiable, bien loin de la réalité du marché. L'accuser de passer en revue des thèmes usés jusqu'à la corde, c'est oublier les trains de Wallace, les dragons de Moon, les colons de Teuber, les pirates de... tous les autres. Je laisse aux grincheux leurs centrales électriques. Moi, je préfère me faire croquer par les crocos de Cléopatre.

Défendre l'exception ludique reste bien-sûr louable. J'ai beau ici me faire avocat, il y a bien des résonances que je ne peux occulter. Il y a un an, je stigmatisais d'ailleurs presque les mêmes maux chez nos amis allemands, un peu trop collés au moule à mon sens. Mais leur histoire n'est pas la nôtre puisque nous commençons à peine à défricher. Ne nous trompons pas de combat : on peut toujours s'époumoner, lancer une pétition pour un vieux fantasme de collectionneur, je préfère de loin l'obstination de Cocktail Games à rééditer Wat 'n dat. Kezako - puisque c'est désormais son nom - est l'une des sorties les plus essentielles de l'année, bien plus que n'aurait pu l'être Full Metal Planet.

Maintenant, laissez-moi compter les jours jusqu'à la sortie de Colosseum. Je veux bien être déçu le moment venu, mais ne me gâchez pas le doux supplice de l'attente.

Supercloclo | FEVRIER 2007

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"Statistiquement vôtre "

 

 

 

 

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