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PIOCHE ET COUPS DE PIOCHE

Combien de jeux vous ont enthousiasmés par leurs mécanismes et pour lesquels la thématisation n'était qu'un décorum marketing ?

Ils sont devenus rares ceux qui ne font qu'un, où chaque action parait logique, chronologique, comme si vous assistiez à un film. Car un jeu, ce n'est pas qu'une ambiance : cela doit être une histoire. Une histoire dont on est le héros. Et curieusement, les histoires d'archéologues, ça fonctionne souvent bien (Tikal, Troia, ...). Peut-être parce que cela concerne un imaginaire accessible, où chacun trouve ses marques, bien plus facilement qu'en pleine Renaissance italienne. Jenseits von Theben ne dérogera pas à cette loi. Pour le bonheur de tous ceux qui ont rêvé du fouet d'Indy.

Mais attention, si nous sommes bien dans la schizophrénie du héros de Spielberg - à la fois professeur emprunté, fuyant les assauts de ses étudiantes et aventurier tête brûlée, bottant le cul des nazis - vous affronterez dans Jenseits von Theben un seul ennemi : le temps ! Car les cases numérotées qui courent autour du plateau ne constituent pas une piste de score mais le temps qui vous défie. Et défile au gré de vos pérégrinations. Quitter Londres pour Moscou, ce sera 3 semaines à manger de la poussière sur les routes. Revenir ensuite chez la voisine Varsovie ne vous prendra qu'une petite semaine : une broutille dans cette course contre la montre pendant laquelle vous ne traversez pas l'Europe de long en large pour créer le guide du routard avant l'heure mais pour jouer les rats de bibliothèques, en quête d'indices qui vous mèneraient sur la piste de reliques enfouies.

7 capitales assistent à ce ballet incessant d'une poignée d'archéologues qui ne tiennent pas en place : des prétendus "collègues" qui, une fois libérés des divers congrès protocolaires, se tirent la bourre. C'est au premier qui rejoindra Rome pour étudier ceci, Berlin pour apprendre cela, Paris pour disposer d'un véhicule : livres, assistants, moyens de locomotion, matériel d'archéologie… faut remplir l'archéo-caddy ! Et il faut retourner plusieurs fois dans chaque ville pour être paré à toute expédition. Ce qui est amusant dans Jenseits von theben, c'est que tout - absolument tout - prend du temps. : une fois arrivé dans une ville, vous devrez par exemple séjourner de 1 à 3 semaines selon le nombre de livres à consulter. Alors il faut faire des choix en permanence, entre distance à parcourir et éléments à glaner. La colonne vertébrale de Jenseits von Theben est dans cette gestion du temps, qui vous permet d'enchainer plusieurs actions si vous savez optimiser. La règle est simple : tant que vous êtes dernier sur la piste temporelle, vous jouez.

L'objectif premier de l'archéologue est donc de parfaire sa connaissance d'une ou plusieurs des régions susceptibles de receler des trésors. Après avoir collecté des cartes "livres" d'une région donnée, il pourra s'y rendre pour donner quelques coups de pioche. Intervient alors un curieux outil intitulé le Chronographe. Un peu comme les disques de stationnement des années 70 ou, pour vous Mesdames, la méthode du docteur Ogino, le chronographe va vous permettre de calculer. Calculer combien de fouilles vous allez pouvoir réaliser en un temps donné. Et plus vous maîtrisez votre sujet, plus vous serez efficace, c'est à dire plus vous pourrez faire de fouilles en un minimum de temps. Vous comprenez maintenant pourquoi votre père et votre mère vous martelaient "Passe ton bac d'abord" ?

La partie exploration consiste à plonger votre main dans de très jolis sacs remplis de 30 jetons dont seulement la moitié vous feront crier "Iyaaa". Vous pouvez également ne rien dire et esquisser un simple sourire de contentement lorsque - effectivement - votre main ressort avec une relique (de valeur 1 à 7). Ceux qui connaissent la notion de probabilité ont vite fait le bon constat : lorsque vous êtes le premier à creuser dans une région, vos chances de réussite sont de 50%. En fin de partie, beaucoup moins. Les jetons sable sont en effet systématiquement remis dans le sac : oui, les archéologues sont respectueux des sites qu'ils visitent et rebouchent leurs trous. Un peu comme les shadoks pompent.

On se posera donc la question du nombre de semaines pendant lesquelles on souhaite prospecter : en gros, combien de temps vous êtes prêt à perdre pour plonger X fois votre main dans le sac. Des petits mémos pour chaque région vous permettent de savoir les trésors enfouis. Si le masque de Toutankhamon n'a pas été encore découvert, cela vaut le coup de tenter sa chance - même si elle est maigre - car il y a 6 points à la clé.

Toutes ces magnifiques reliques, une fois découvertes, seront peut-être exposées en Europe. Des cartes exposition accordent ainsi quelques bonifications si un joueur possède la combinaison requise. D'autres points pourront être ajoutés à votre score si vous avez participé à des congrès ou si une région n'a plus de secret pour vous (mécanisme de majorités lié aux livres consultés).

Tout est à sa place. C'est la qualité indéniable de Jenseits von Theben. Le jeu se prend en main avec une facilité déconcertante et on peut même envisager attaquer la partie directement en expliquant au fur et à mesure les règles. Le design est vraiment soigné et les petits sacs bicolores imprimés sont du meilleur effet, tout comme les chronographes. On sent que l'éditeur a voulu faire un produit parfait, avec une vraie valeur ajoutée. L'objectif est atteint. Indéniablement.

Jenseits von Theben a vu le jour une première fois en 2004. En 104 exemplaires auto-édités. Le voici dans un écrin de luxe 3 ans plus tard. Avec une bonne tête de vainqueur. Car à l' annonce de sa réédition, nombreux furent ceux qui affirmèrent qu'il était calibré pour le Spiel des Jahres 2007. Beaucoup le penseront également après y avoir joué tant il semble concilier accessibilité et tempérament. Un jeu familial par excellence. Les mécanismes liés au temps (piste temporelle et chronographe) confèrent au jeu une originalité que personne ne peut contester. Les villes européennes et les sites archéologiques s'appuient sur des rouages différents et rendent le jeu varié : recensez tous les petits mécanismes utilisés ici et là… et vous serez surpris par tant de richesse. Et tant d'harmonie. On pourra toujours montrer du doigt - sans doute à juste titre - la part trop importante de hasard dans Jenseits von Theben mais on ne pourra pas lui enlever la très longue liste de qualités qui devraient lui permettre d'être au minimum nominé pour ce fameux jeu de l'année.

AU FOND DU TROU

Vous aurez beau avoir la meilleure des stratégies, l'optimisation temporelle parfaite, si vous ne savez pas tenir une pioche, vous ne creuserez que votre tombe afin de vous enterrer vivant et oublier au plus vite la chance insolente de vos coéquipiers • A 4 joueurs, il est beaucoup plus difficile de réaliser les grandes expositions • Un petit memo des 10 expositions n'aurait pas été superflu, pour cibler ses fouilles • Le hasard intervient également beaucoup au niveau de la pioche des cartes : le plus dur consiste à devoir parfois jouer en fin de partie avec une offre qui ne présente aucun intérêt et qui vous coûte inutilement des semaines • A 4 joueurs, il n'y a souvent pas assez d'écart temporel pour avoir le temps de changer les cartes à Varsovie et être le premier à profiter du nouveau tirage.

© clube - avril 2007

 

 

 

COMBINAISONS
MAJORITÉS
PROBABILITÉS