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On a beau être fermement décidé à vibrer pour chaque nouveau jeu qui pointe le bout de ses pions, faudrait voir à ne pas nous prendre pour des gogos, Car notre passion a ses limites, imposées par ceux qui s'installent dans la routine éditoriale. Il suffit de faire un petit tour des nouveautés parues au dernier salon d'Essen pour être convaincu qu'on nous ressert trop facilement la même rengaine, des variations sur le même thème qui essoufflent notre curiosité! Prenons le cas de Hans Im Glück, éditeur estimé et estimable : rien de bien palpitant à se mettre sous la dent ! Car avec le fort convenu Hazienda et l' adaptation d'Euphrat et Tigris en jeu de cartes, y'a pas de quoi faire le voyage jusqu'en Allemagne pour avoir la primeur de ces photocopies. On dit le marché du jeu allemand en déclin ? On veut bien le croire s'ils continuent ainsi à s'auto-parodier. Il serait donc temps d'ouvrir un peu les fenêtres car - sans vouloir être désagréable - cela commence à sentir le taureau...

La bonne nouvelle dans cette histoire, c'est que le ballon d'air frais vient de nos petits frenchies, ceux-là mêmes qui - il y a peu - semblaient encore spectateurs devant l'usine à rêves allemande. En 2005, les complexes sont définitivement au placard et les auteurs et éditeurs français font une brillante démonstration de "savoir-créer", loin des sentiers rebattus. J'ai par exemple eu la joie - je pèse mes mots - de découvrir "Du Balai", le prochain jeu de Bruno Cathala et Serge Laget. Pourtant, j'en ai vu défiler des jeux d'observation et de rapidité, des ongles cassés, des mains massacrées, des voix éraillées.. mais lorsque des auteurs se donnent la peine, un champ ludique qu'on croyait condamné peut s'ouvrir à nouveau. Avec son packaging en forme de grimoire, élément à part entière du jeu, "Du balai" ne ressemble qu'à lui même. Et ça fait du bien.

Fin octobre, ce fut la reprise de nos brunchs : l'occasion d'offrir en pâture aux parisiens plus d'une trentaine de nouveautés présentées à Essen. Malgré l'abondance, un jeu a réussi à se situer au dessus du lot - très au dessus même - et certains attendirent en vain toute la journée de pouvoir goûter à Cash'n Guns. Visuellement spectaculaire avec des joueurs qui se braquent, qui s'intimident, pour le simple partage d'un butin, c'est un véritable plaidoyer pour des jeux hors catégorie. Son auteur, Ludovic Maublanc, soigne sa carte de visite après le sympathique Monstrofolies et on peut à juste titre se mettre à surveiller ses prochaines créations.

En ligne de mire, j'attends donc avec impatience Paparazzi de Bruno Cathala et... Ludovic Maublanc, un jeu où il faut retrouver ses vêtements dans le noir alors qu'on a été surpris en plein bain de minuit. Le thème est des plus accrocheurs et les rires devraient assurément fuser. J'entends également beaucoup parler du plus sérieux Vitrail de Dominique Bodin qui devrait sortir chez Cocktail Games à la fin de l'année et qui semble proposer un casse-tête des plus prometteurs.

Nul doute qu'en novembre, on va aussi beaucoup parler d'Objets Trouvés de Phillipe des Pallières : un concept fort que l'auteur lui-même n'imaginait pas voir édité. Il suffit de lire le contenu de la boite (pince à linge, brosse à dent, jambe de poupée..) pour être intrigué par ce jeu d'expression, lointain cousin du Pictionary ou du plus étonnant Wat n Dat.

A tout ceci, on peut rajouter quelques titres forts des derniers mois comme Dungeon Twister et ses pièces tournantes, les Chevaliers de la table ronde et son félon ou encore le parfois controversé London 1888 que je n'ai pas pu encore découvrir mais dont l'univers très travaillé m'interpelle (c'est le moins qu'on puisse dire). Et savoir créer l'envie, c'est déjà avoiir gagné à moitié son pari.

Bien-sur, le réveil de nos auteurs ne date pas de ces derniers mois mais, en cette fin d'année 2005, je les trouve en pleine forme. Surtout, je ne suis désormais plus réduit à guetter la seule fantaisie salvatrice de Roberto Fraga ( Squad Seven, la Danse des oeufs, etc...). Et comme ceux qui ont choisi de rester fidèles à l'école allemande nous offrent des nominés comme Himalaya ou des futurs lauréats comme Caylus, l'avenir s'annonce radieux pour nous, modestes joueurs d'une nation qui s'éveille aux plaisirs ludiques variés. Et si un jour, nous faisions des envieux ? Et si ce jour était finalement aujourd'hui...

Supercloclo | NOVEMBRE 2005

 

 

 

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